Bonsoir à tous,
Le tout sauf Ségolène ne passera pas par moi ;-)
Ségolène a déjà esquissé un programme consistant (site Internet;
livre à venir; discours-débat en sections; entretiens presse> relisez
les Echos, Le Monde; tribunes; émissions diverses).
L'esprit de ce programme, appuyé sur le projet, a été et est toujours
celui de la rénovation réformiste.
Bien au-delà de ce que fut la tiédeur consensuelle de DSK, elle
propose la vison moderne d'un socialisme ouvert sur l'Europe et le
monde.
Appelant à un inventaire constructif du blairisme (et oui...), à un
compromis inspiré de la social-démocratie du Nord de l'Europe, elle a
boulversé le logiciel socialiste en mettant en avant le rôle de la
société civile, des corps intermédiaires, de la responsabilité
individuelle et collective.
Qu'il s'agisse de la croissance fondée sur l'innovation et
l'investissement, des nouvelles sécurités professionnelles et
sociales, de la souveraineté partagée ou de la refondation du pacte
républicain, elle apporte à la fois une philosophie et des
dispositifs nouveaux.
C'est une socialiste "pragmatique" qui a abandonné l'idéologie pour
partir des succès de sa gestion de terrain (et oui...).
Attention aux mauvais procès et à l'usage de l'invective gratuite(cf
Cambadélis). Les effets de mode ne sont pas toujours ceux que l'on
croit...
La politique est affaire d'incarnation et de désir (cf tribune
jointe). Ce n'est pas un jeu d'idées maniées "hors sol", ni un
concours de maîtrise intellectuelle.
Quant au ralliement de Montebourg, il se fait au nom de la rénovation
et du renouvellement. Nous partagions d'ailleurs cet esprit avec la
motion 5 (tout en nous opposant sur les outils de régulation
économique). Ce n'est pas en soi un scandale puisque cela préfigure
la synthèse qui devra se construire d'une manière ou d'une autre
autour de notre candidat(e).
Si du moins notre but commun est bien d'emporter l'élection face à la
droite...
Bien à tous,
Jean-François PASCAL
Ségolène Royal ou l'alternance symbolique
L'alternance est le gage du bon fonctionnement d'une démocratie. Elle
n'est pas uniquement le produit du pluralisme des partis, elle est
aussi la conséquence de dispositions constitutionnelles. La France en
a connu un certain nombre depuis 1981.
L’usure du pouvoir y a été grande et le mécontentement répété aura
conduit les électeurs à sortir les sortants. L’alternance a des
vertus mais son rythme révèle que les transformations sociales
attendues n’ont pas été au rendez-vous. Le discours, souvent
idéologique et plein de promesses, n’aura pas tenu ses engagements de
parole.
Pire, en 2002 les électeurs se sont massivement rabattus sur
l'extrême gauche ou sur le candidat d'extrême droite. Les candidats
des partis de gouvernement, PS et UMP, n’ont obtenu que 25% des
inscrits lors du premier tour de cette élection présidentielle.
Ainsi, des partis et des candidats qui n'aspirent pas à l'alternance
réelle ont réuni les trois quarts des suffrages. Un chiffre qui ne
doit pas seulement faire réfléchir mais qui doit surtout faire agir.
Une autre forme d'alternance est possible. L’alternance symbolique
qui ne se joue pas entre la droite et la gauche mais à l'intérieur
des partis eux-mêmes. Et cela à différents niveaux: renouvellement
des idées mais aussi renouvellement des hommes des femmes,
singulièrement des générations. Ce type d'aggiornamento est
indispensable pour être au plus proche des demandes et des exigences,
sans cesse renouvelées, de nos sociétés. Etre en prise sur le monde
d’aujourd’hui implique un changement de style du politique. Il doit
accepter qu’une certaine rhétorique ait vécu et que chacun attende
aujourd’hui des faits et des résultats, loin des postures.
Une telle alternance est aussi symbolique, car tout en étant rupture,
elle est continuité. Rupture avec une certaine parole et un certain
nombre de pratiques dépassées, mais continuité dans l'esprit et dans
les valeurs, même si c’est sous d'autres formes. Suivons ici Jean
Jaurès, "C'est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa
source".
Qu'est-ce que le Président dans notre Ve République? Selon la formule
bien connue de De Gaulle, ce doit être la rencontre entre un homme et
un peuple. Aujourd'hui, les Français ne croiraient plus à un homme
providentiel. Reste qu'un présidentiable ne gagne pas ses galons au
nombre de propositions concrètes, de dispositions techniques, qu'il
additionne.
Le secret d’un futur président réside dans sa capacité à impulser un
souffle. Le souffle est la possibilité de transformer, de tracer un
chemin, de faire surgir l'espoir que demain peut être meilleur
qu'aujourd'hui. Pas le grand soir, mais la capacité de transformer le
réel, d’écrire à un moment donné l'Histoire, en acceptant toutes les
contraintes pour créer tous les possibles. C’est encore donner à
chacun, et à tout un peuple, l'espoir de l'action, l’espoir d'aller
de l'avant sans regret mais dans le respect de son essence. Une telle
force emporte et appelle chacun à travailler au futur commun. Un tel
destin se forge dans le silence et l'obscurité des viscères de la
terre, là où l'union du cuivre et de l'étain forme l'airain.
Depuis plusieurs mois déjà, Ségolène Royal occupe la crête des
sondages. Certes, aucun sondage n'a jamais fait un Président. Mais
l’actuel écart entre Ségolène Royal et ses poursuivants fait
symptôme. Il nous révèle en écho ce qu’attendent les Français.
Ségolène Royal représenterait-elle l’alternance symbolique
susceptible d’être la promesse du renouvellement et du changement
tant attendus?
Elle incarne sans conteste le terrain et le concret. Loin des
discours et des postures, qui ne produisent que du bruit, elle paraît
affronter les problèmes qui préoccupent nos concitoyens. Non pas du
point de vue des hauteurs ensoleillées, dans l'air frais et pur de la
distance esthétique, mais au contact des réalités.
Les Français se rendent bien compte que leurs problèmes ne peuvent
pas tous être résolus du jour au lendemain. Toutefois, ils savent
aussi que si les hommes politiques ne vont pas sur le terrain pour
voir et résoudre les problèmes là où ils sont, ils ne le seront jamais.
L’heure d’une politique incarnée est venue.
Ce qui signifie qu’on ne peut dissocier un projet de celui ou celle
qui le porte. Les idées ne sont pas de pures entités abstraites,
elles sont d’abord un corps à l’oeuvre. Comme telles, et seulement
dans leur incarnation, elles peuvent emporter ou séduire. Il n’y a
pas d’abord un projet puis une personne : le projet est la personne,
la personne est le projet. La manière dont prends corps le discours,
sa façon de résonner plus ou moins consciemment, sont décisives.
Ainsi les Français attendent aujourd’hui une voix qui soit le point
d’équilibre entre le changement et la continuité, les risques de la
mutation et les sécurités de la tradition.
A l’échelle de la pratique politique, l’incarnation nécessaire se lit
dans un socialisme pragmatique qui prend ses solutions là où
concrètement « ça marche ». Le « parler de gauche » ne suffit plus.
Tant mieux. De plus en plus compteront les seuls actes et résultats,
c'est-à-dire la transformation concrète de la société, le progrès et
la justice sociale réalisés par petits pas.
La démocratie participative, tant défendue par la candidate
potentielle, n'est pas uniquement une délégation de pouvoir, c'est
aussi une façon de gouverner. Trouver des solutions adaptées à chaque
situation, à partir des enseignements de l’expérience, et non pas en
catapultant d'en haut des solutions toutes faites et impuissantes.
L’heure est venue pour une action éloignée de tout dogmatisme et des
idées reçues, pragmatique et adaptée à chaque situation.
Ségolène Royal incarnerait-elle un nouveau mode d’action publique,
une nouvelle façon de faire vivre la puissance étatique?
A elle de le démontrer jusqu’au bout.
A ses concurrents de changer le dire et le faire, à son exemple, pour
mener le parti socialiste sur les chemins de la rénovation et du
pouvoir.
Les Français suivront celui ou celle qui incarnera au mieux cette
politique de mouvement et d’actes, la seule qui aujourd’hui nous
donne à désirer.
Alors le futur sera prometteur d'avenir et c'est cela dont la France
a vraiment besoin.
Maurizio Rofrano, étudiant, militant socialiste
Jean-François Pascal, conseiller politique, Délégué National à la
lutte contre les discriminations